Une évaluation carbone XXL sur les ZAC du plateau de Saclay

Depuis 2017, Amoès accompagne l’Etablissement Public d’Aménagement Paris-Saclay (EPAPS) dans le développement et le suivi de la stratégie environnementale du quartier du Campus Urbain, regroupant trois ZAC : Moulon, Corbeville et le Quartier de l’Ecole Polytechnique. A mi-parcours de sa construction, c’est l’heure de faire un premier bilan !

Du bilan carbone quartier... à l'outil d'aide à la décision

Pour cela, Amoès a été missionné, aux côtés d’Une Autre Ville, pour réaliser le bilan carbone du quartier et commencer à répondre aux questions essentielles qui se posent dans le cadre du développement du projet :

  • le quartier répond-il aux ambitions que l’EPAPS s’est fixé ?
  • répond-il aux objectifs territoriaux et nationaux qui s’imposent pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre ?
  • quelles améliorations constatons-nous réellement entre les premiers bâtiments construits et ceux qui, conçus aujourd’hui, sortiront bientôt de terre ?... Sans parler de ceux qui seront conçus dans 1, 3, ou 5 ans !
  • des pistes d’amélioration sont-elles encore possibles ?

De plus, au-delà du besoin d’évaluer la performance du quartier, une autre problématique s’est imposée : comment faire en sorte que tout ce travail d’étude ne finisse pas dans un placard, et que l’ensemble des acteurs du projet s’empare ensuite des enjeux d’émissions de carbone pour guider leurs décisions au quotidien, au même titre que les sujets économiques ou architecturaux ?

Pour répondre à ce deuxième enjeu, nous prévoyons également d’exploiter les données fournies par le bilan carbone pour réaliser un outil d’aide à la décision simplifié sur chacune des trois ZAC du Campus Urbain, à destination des chefs de projet de l’aménagement de l’EPAPS, et qui permettra notamment de :

  • suivre l’évolution de l’impact carbone de chaque lot ;
  • suivre le bilan carbone de la ZAC ;
  • tester en temps réel et de manière simplifiée l’impact de certains choix qui s’imposent à l’EPA : quel est l’impact si tel bâtiment prévoit une structure bois plutôt que mixte bois/béton ? si tel espace public devient végétalisé plutôt que minéral ? 

A l’issue de ce travail, l’EPA disposera donc d’outils concrets pour suivre la mise en place de ses ambitions environnementales, et identifier les leviers d’actions supplémentaires les plus pertinents pour aller toujours plus loin dans sa démarche de réduction de l’impact carbone du quartier. La finalisation de cette mission est prévue pour le premier semestre 2025, et nous ne manquerons pas de revenir vers vous pour vous présenter nos analyses et conclusions !

L'utilisation d'EuroCO2

En attendant, nous pouvons déjà vous en dire un peu plus sur la méthodologie que nous avons développée.Pour mener à bien ce bilan carbone, l’outil EuroCO2, codéveloppé avec Une Autre Ville, est apparu naturellement comme le plus adapté, puisqu’il permet d’estimer le bilan carbone d’un quartier tout en facilitant la réalisation de variantes pour nourrir les réflexions. Si vous n’avez encore jamais entendu parler de cet outil, nous vous invitons à vite vous rendre sur ce lien pour en savoir plus !

EuroC02retouché

En résumé, la particularité de cet outil est de combiner le principe de bilan carbone et de bilan financier, afin d’identifier dès la phase amont des opérations d’aménagement les actions les plus efficaces économiquement pour atteindre les objectifs carbones fixés. Sur le projet du Campus Urbain, seul le module de bilan carbone a été utilisé pour répondre aux attentes de l’EPA, avec des calculs sur l’ensemble des postes en lien avec l’acte d’aménager : la construction des espaces privés et publics, les consommations énergétiques et d’eau associées, les déchets d’exploitation, la mobilité des usagers, ainsi que le potentiel de stockage carbone et l’impact du changement d’affectation des sols.

Le projet présente cependant de nombreuses complexités dont il a fallu tenir compte pour estimer au mieux son impact carbone, notamment :

  • la variété des typologies : le Campus Urbain a vocation à devenir un pôle technologique ambitieux et d’envergure internationale (avec de nombreuses entreprises, écoles supérieures et instituts de recherche implantés à termes), mais également un lieu de vie puisqu’il prévoit la construction de nombreux logements, résidences et équipements associés, et même un hôpital et une piscine ! Il a donc fallu tenir compte des spécificités techniques et environnementales de ces nombreuses typologies dans l’évaluation carbone ;
  • l’évolution des modes constructifs en fonction de l’avancement des projets : certains bâtiments ont vu le jour il y a quelques années, tandis que de nombreux autres restent encore à concevoir. Les ambitions environnementales n’ont par ailleurs eu de cesse de s’intensifier au fur et à mesure du développement du quartier, des avancées techniques des filières du bâtiment, et de l’évolution des règlementations environnementales.

La construction des bâtiments représentant 25 à 40% du bilan carbone d’un quartier, il était essentiel de tenir compte des modes constructifs de chaque lot pour estimer au mieux l’impact carbone du projet. En sachant que le passage d’une structure béton à une structure bois induit une réduction d’environ 20 à 40% du bilan carbone d’un bâtiment en ACV statique, le mode constructif n’était en effet pas négligeable sur notre bilan !

Une collecte de données sur les bâtiments existants a donc été nécessaire en amont de l’étude pour préciser leurs modes constructifs. Pour les bâtiments projetés, des hypothèses ont été définies en accord avec les ambitions actuelles de l’EPA.

Valeurs absolues ou comparaisons relatives ?

Par ailleurs, il serait bien présomptueux de considérer que nous pourrons à travers cette étude déterminer précisément l’impact carbone du quartier à terme. Trop de facteurs sont susceptibles de venir modifier nos projections, et les estimations a priori restent bien entendu moins précises qu’un bilan carbone détaillé de bâtiment. Plus que la valeur absolue réelle du bilan carbone du projet, les enseignements principaux de ce type de calculs sont bien les comparaisons de scénarios, et les améliorations relatives d’un cas à un autre. Un scénario tendanciel a donc été créé pour comparer les efforts mis en œuvre par l’EPA à un quartier équivalent qui se limiterait au respect des réglementations en vigueur. Parmi les hypothèses structurantes de ce scénario "busines as usual", on retrouve notamment :

  • l’absence de mise en place d’un réseau de chaleur et de froid vertueux et d’installations photovoltaïques ;
  • la gestion enterrée des eaux pluviales au lieu d’une gestion à ciel ouvert ;
  • l'absence de la gare de métro à proximité, et ce que ça implique sur la répartition modale des transports ;
  • et on l'a dit, l'atteinte du simple niveau réglementaire sur le Ic,construction, là où l'EPA prescrit de concevoir des bâtiments avec une part significative de structure bois, et un temps d'avance sur la réglementation.

L’outil de suivi du bilan carbone permettra ensuite de synthétiser et faire vivre ce travail, en actualisant nos résultats avec l’avancement de chaque lot.

Rendez-vous l’année prochaine pour une synthèses des enseignements de cette belle étude !