Les 27 l'Union Européenne ont pris l'engagement collectif de faire passer la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie (dite énergie primaire) de 8 à 20% d'ici à 2020. Toutefois sous l’impulsion de la France, pays le plus nucléarisé d’Europe, cet objectif global se fera avec une approche différenciée par pays pour tenir compte de certaines spécificités nationales : une répartition des charges sera négociée de manière séparée. D’après le Syndicat des Energies Renouvelables (SER), pour atteindre cet objectif cela suppose une croissance accélérée et nécessite de tripler la capacité de production pour parvenir à l'objectif européen. À cette fin, il conviendra selon lui de développer l'éolien, reconsidérer l'hydraulique à la hausse et développer le solaire photovoltaïque et la chaleur collective - eau chaude et chauffage - d'origine forestière et de la biomasse en général. S'agissant de chauffage domestique au bois, le SER estime que la France peut passer de 5,6 millions d’appareils de chauffage performants au bois en 2006 à 11 millions d’appareils en 2020 sans augmenter le prélèvement sur la ressource.
Pour la production de chaleur à partir de bois et de déchets dans les établissements collectifs, tertiaires et industries, plusieurs milliers de chaufferies pourront être installés en 2020, ce qui représente une capacité de 6,3 Mtep. La croissance de la forêt française permet de réaliser cet objectif sans toucher au stock.
S'agissant de l'hydraulique, le SER estime que la production pourrait passer de 25.000 (2006) à 27.000 MW (2020) en améliorant la productivité des centrales existantes.
Par ailleurs, des efforts devront se porter sur le déploiement d'un parc éolien d'une capacité de 25.000 MW d'ici 2020 contre 2.000 au mois de juin 2006. Cet objectif est réalisable car le gisement existe et avec un nombre de machines ''raisonnable'' car il est assuré que la puissance moyenne des machines sera de 3 MW contre 2 MW aujourd'hui. Donc pour installer 22.000 MW supplémentaires, il suffira d'installer 8.000 machines de plus, soit seulement 4 fois plus qu'aujourd'hui.
Quant au photovoltaïque raccordé au réseau, le syndicat évalue les besoins à 7.000 MW alors que la puissance ne dépasse pas 30 MW à l'heure actuelle. L'objectif reste possible si l'on compare ce qui se passe dans nos pays voisins. En Allemagne 1.000 MW de photovoltaïques sont en effet installés tous les ans. Mais pour réaliser l’objectif, une filière industrielle devrait être créée. En France, nous avons manqué celle de l’éolien, il ne faudra pas manquer celle-là, insiste le président du SER.
La production d'électricité à partir de biomasse (dont le biogaz et les déchets) devra quant à elle passer de 580 MW actuellement à 2.300 MW en 2020. Enfin, le solaire thermique et les Pompes à Chaleur (PAC) peuvent en équipant 6 millions de logements, fournir 4Mtep.
D’ailleurs au plan européen comme les 27 se sont fixés cet objectif contraignant de 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2020, le professeur Arthouros Zervos rappelle que le 23 janvier prochain, la Commission européenne doit proposer une directive pour que les énergies renouvelables représentent 20 % de la consommation énergétique de l'Union en 2020. Rappelons que ce chiffre est une moyenne et qu’il doit se traduire pour chaque pays membres. Pour l’heure, l’Union Européenne en est à 8 %. Reste donc douze pourcents à combler. Pour se faire, Arthouros Zervos rapporte que 6 % devraient être demandés à l'ensemble des Etats membres et 6% à chaque pays en fonction de son PIB par habitant. Les pays les plus riches devront donc faire plus et le président du Conseil européen des énergies renouvelables espère que la directive arrive au Conseil européen sous présidence française qui débute en juillet prochain. Le calendrier est donc serré car, d’ici là, chaque état va sûrement chercher à apporter la contribution la plus faible possible à cet objectif global. De longues négociations sont attendues...