La piscine Thérèse et Jeanne Brulé (ex Elisabeth) située dans le 14ème arrondissement de Paris est en exploitation depuis maintenant deux ans et demi. Ce CREM lancé en 2015 a un engagement de performance qu'Amoès a été en charge de suivre depuis son ouverture au public.
Présentation de la piscine
La piscine est constituée de deux bassins soit 730 m² de plans d'eau : un bassin sportif de 25 m et 500 m² comportant 8 lignes d'eau avec un fond mobile partiel, et un bassin d'apprentissage de 230 m². Un solarium végétal se trouve en toiture du bâtiment, il est accessible aux baigneurs en été.
Plus techniquement, la piscine a un engagement énergétique ambitieux avec une consommation de chaleur et d'électricité devant rester inférieure à 2490 kWhEF/m² de bassin et une consommation d'eau totale ne devant pas dépasser 90 L/baigneur par an. Par ailleurs, 40% des consommations doivent être produites par des énergies renouvelables et de récupération.
Pour respecter ces performances, les équipements mis en place sont complexes et multiples, avec un traitement d'eau par billes de verre, déchloraminateur par filtre à charbon actif en premier lieu puis activation des déchloraminateurs UV si besoin ; côté récupération d'eau, les eaux de fuite servent au lavage des filtres et pour l'alimentation en eau des pédiluves. Des centrales de traitement d'air double flux sont installées dans tous les espaces, et la halle bassin est déshumidifiée par modulation d'air neuf. Le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire sont assurés par le CPCU après épuisement des équipements de récupération de chaleur mis en place : récupération de chaleur sur les condensats du CPCU, moquette solaire pour préchauffage de l'ECS, récupération de chaleur sur les eaux de fuite, sur les pédiluves, récupération de chaleur sur les CTA.
Engagement sur la consommation énergétique
La consommation énergétique de référence (chaleur + électricité) est de 2490 kWh/m² bassin par an. Cette consommation est ajustée en fonction de 3 variables périodiques qui sont la fréquentation (fréquentation de référence : 200 000 baigneurs à l'année) ; la rigueur climatique (DJU de référence : 4782) ; le nombre de jours d'ouverture (référence : 356 jours). La rigueur climatique a un impact plus fort que la fréquentation sur les consommations d'énergie, contrairement à la consommation d'eau qui sera détaillée dans la suite. Pour mémoire, la première année d'exploitation a été marquée par l'impact Covid avec d'abord une fermeture au public de la piscine puis une ouverture restreinte aux personnes disposant d'un certificat médical. A partir de l'été 2021 seulement la fréquentation est revenue aux niveaux attendus, voire en les dépassant à partir de l'été 2022.
Après ajustement, la consommation d'énergie entre juillet 2021 et juin 2022 est de 2427 kWh/m² de bassin, soit un engagement respecté avec 24% de marge par rapport au seuil fixé. Ces consommations sont aux deux tiers des consommations de chaleur et à un tiers des consommations d'électricité, ce qui est un profil "type" pour des piscines raccordées à un réseau de chaleur urbain :
Si l'on compare les consommations de chaleur réelles (non ajustées) et les consommations de chaleur provenant de la simulation thermique dynamique, on observe de grands écarts notamment sur les postes de chauffage des bassins et de chauffage de l'ECS :
Ces écarts peuvent être expliqués par différents facteurs et notamment pour le chauffage des bassins par la prise en compte dans la STD de l'évaporation et pour l'ECS, comme nous le verrons par la suite, par la faible consommation en eau du poste des douches.
En électricité, la comparaison est tout aussi complexe : le traitement d'eau consomme en réalité beaucoup moins qu'estimé en STD, cela peut être dû à une meilleure performance des pompes de filtration qui sont le premier poste de consommation du traitement d'eau.
Engagement sur la consommation d'eau
La consommation d'eau de référence, pour tous les postes, est de 90 litres par baigneur et par an. De juillet 2021 à juin 2022 elle a en réalité été de 72.2 litres par baigneur pour plus de 220 000 baigneurs, soit une marge de 20% par rapport à l'objectif.
Cette consommation est logiquement très liée à la fréquentation, comme on peut le voir sur le graphe ci-dessous :
Cette faible consommation de 72.2 litres par baigneur s'explique notamment par la consommation bien inférieure à l'estimation du poste d'eau sanitaire (chaude et froide) et de nettoyage et arrosage.
Ce constat a des implications diverses et importantes pour l'ensemble de la piscine, puisque si les baigneurs ne se douchent pas assez, certes les consommations d'eau diminuent mais l'inconfort augmente pour les baigneurs et les MNS ; l'eau vieillit, et les THM qui sont cancérigènes augmentent.
Au contraire, si le renouvellement d'eau est élevé (tout en restant dans les objectifs de consommation prévus), alors le confort augmente :