L’observatoire permanent de l’amélioration énergétique du logement (OPEN) vient de rendre publique son étude sur l’année 2006. Résultats détaillés.
En 2006, 9 110 000 logements ont fait l’objet de travaux d’entretien et de rénovation et plus de la moitié ont été concernés par des travaux porteurs potentiels d’une amélioration. Une amélioration de la qualité énergétique des bâtiments était donc possible sur quasiment 5 millions de logements. Malheureusement, en répertoriant, selon la nature des travaux, le niveau de performance énergétique des solutions choisis, l’OPEN est contraint de constater que dans une large majorité des cas, ce fut une occasion manquée.
75% de rénovations « à compléter »
L’isolation, premier pas vers la réduction de la consommation énergétique, peut être mise en œuvre lors de travaux de rénovation d’ouvertures, d’intérieurs et de toiture.
Pour les ouvertures, qui concernaient 1 400 000 logements susceptibles d’être améliorés énergétiquement en 2006, l’OPEN constate que 48% sont restés en dessous d’un coefficient thermique jugé "basic" (Th 8), contre 8% ayant dépassé un coefficient jugé "optimum" (Th 11).
Pour les travaux d’intérieurs, 69% ont abouti à l’isolation d’une seule façade, 22% à deux et 9% à trois. Plus grave, seulement 28% des travaux d’entretien ou de rénovation de toiture ont été l’occasion d’isoler.
Deuxième étape de l’amélioration énergétique, le remplacement des équipements de chauffage a donné lieu, pour 56% des 863 000 ménages ayant changé de chauffage en 2006, à la mise en place de systèmes jugés "défavorables" (chaudière à gaz ou fioul, convecteurs électriques, radiateurs à inerties…), et seulement dans 13% des cas à l’installation de chaudières à condensation et de pompes à chaleur.
Mais le rapport ne se contente pas de dresser un tableau des rendez-vous manqués de la rénovation et de l’amélioration énergétique. Afin d’améliorer la situation, il tente d’identifier les freins au processus.
Contraintes pour les ménages
Dans le périmètre des rénovations ayant aboutit à une amélioration énergétique des bâtiments, moins de la moitié des ménages ont décidé d’engager des travaux dans le but d’optimiser leur consommation énergétique. Et même quand on est motivé, nombreux sont les obstacles qu’il reste à franchir.
Les recherches d’artisans, d’entreprises, de subventions et de crédits sont plus fastidieuses dans le cadre de l’amélioration énergétique que pour de simples travaux de rénovation. Ainsi, l’étude estime que lorsque 80% des projets de travaux dans les logements sont lancés au bout de 18 mois, il faut 24 mois pour que la même proportion des projets aboutisse lorsqu’ils concernent les économies d’énergie.
Le coût constitue aussi un frein important au choix d’une rénovation synonyme de qualité énergétique. A titre d’exemples, les solutions de performance énergétique considérées par l’OPEN comme optimales sont pour le poste chauffage, de 20 à 70% plus chères que l’équipement d’efficacité moyenne le plus fréquemment choisi et elles sont de 30 à 100% plus chères pour le poste ouvertures. Frein supplémentaire, ce surinvestissement peut obliger les particuliers à recourir aux crédits. Il est donc très important de mettre en oeuvre des solutions de financement efficace pour absorber le surcoût à l'investissement.
Inertie des professionnels
Du côté des artisans et entreprises, c’est le client qui demeure le principal prescripteur. Il est intéressant de remarquer que la moitié des chauffagistes interrogés considère que l’absence d’installation d’une chaudière performante est principalement lié au fait que le client décide de remplacer sa chaudière à l’identique. Et quand un nouvel équipement est posé sans travaux d’isolation préalable, une majorité de chauffagistes expliquent que la question de l’isolation n’a simplement pas été évoquée… Il est donc urgent d'imposer une réglementation avec des objectifs énergétiques chiffrés en cas de travaux de rénovation.