La consommation explose dans les pays émergents (Inde, Chine, Golfe persique…) alors que le marché mondial se pose des questions quant aux stocks réels d’or noir. Les puits géants d’Arabie Saoudite, de Chine, de Russie et d’Irak réveillent la nostalgie d’une époque qui touche à sa fin. Ces facteurs pèsent actuellement lourd sur le prix du brut qui culmine en ce moment à 130$.
Les prévisions sur la production à venir publiées à l’automne par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) ne vont pas détendre les marchés. Sur la base d’informations recueillies auprès de compagnies pétrolières ou para-pétrolières, d’experts et de pays producteurs, l’organisme de défense des intérêts des pays riches industrialisés (ONG américaine…) est en train de revoir à la baisse la production attendue en 2030. On voit bien la différence entre les domaines où la vision à long terme n’existe pas et le domaine pétrolier où on en est déjà à prévoir la production journalière en 2030…
A moins d’une forte contribution des pétroles non conventionnels (sables bitumineux dont l’extraction de 2 barils en consomme 1) elle tombera de 116 à environ 110 millions de barils par jour (87 millions en 2008). L’AIE pourrait ainsi fortement réévaluer ses investissements nécessaires pour atteindre ces objectifs, le coût des projets pétroliers ayant explosé ces dernières années. Au total, cette production serait très insuffisante pour étancher la soif des américains, des européens, des chinois et des indiens.
Le taux de déplétion mondial serait de 4,5% par an, selon une étude publiée en Janvier par le CERA, un centre d’étude réputé mais proche des pétroliers américains. C’est moins que les 8% annoncés par d’autres études. Les experts du CERA concluaient que le Peak Oil (pic de production avant son déclin) n’interviendrait pas avant 2050, ce qui parait complètement faux pour beaucoup d’autres experts moins proches des intérêts pétroliers américains.
Ces conclusions peuvent être interprétées de deux manières : comme une incitation à ouvrir de nouveaux champs et produire plus ou alors comme un appel à engager au plus vite la transition énergétique, notamment en raison des changements climatiques.
Les pétroliers ne découvrent plus de champs géants faciles à exploiter et ce n’est pas faute d’efforts financiers. ExxonMobil, Shell, BP, Total et Chevron ont programmé au total 100 milliards de dollars d’investissements pour accroître leurs capacités dans l’exploration-production. Le prochain grand pays exportateur de pétrole pour la décennie à venir sera sans doute le Brésil qui dispose de stocks d’huile à 7000m de fond au large de ses côtes…
Du côté des pays pauvres la situation est préoccupante car la flambée du pétrole provoque aussi une hausse des prix dans des pays où les revenus sont déjà très faibles. Au Sénégal par exemple, le litre de gazole a pris 33% d’augmentation alors que 56% des habitants du pays vivent avec moins de 2 dollars par jour. Les dirigeants de ces pays demandent la création d’un « fond pétrole-pauvreté » sur lequel seraient versés un tiers des profits que réalisent les entreprises pétrolières….