Selon l’analyse des résultats de l’enquête 2006 INSEE « budget des ménages » réalisée par l’Ademe dans sa lettre Stratégie et Etude, la part des dépenses d’énergie dans le budget varie de façon importante et structurelle. En 2006, les ménages les plus pauvres ont consacré 15% de leur revenu aux dépenses énergétiques contre seulement 6% pour les plus riches. Dans le cas des ménages les plus défavorisés 9% des revenus servent à payer les dépenses en combustibles fossiles (gaz, pétrole) et 6% l’électricité. En revanche, les ménages les plus aisés ne consacrent que 4% de leurs revenus aux produits pétroliers et 2% à l’électricité.
Ces inégalités structurelles ont tendance à s’intensifier avec la hausse constante des prix de l’énergie. L’Ademe rappelle ainsi qu’entre 1996 et 2006, l’indice du prix des combustibles fossiles en euros constants a augmenté de 4,2 % en moyenne annuelle : le prix du gaz domestique a par exemple augmenté de 2,1 % par an, le prix du fioul domestique de 5,2 %, le super sans plomb de 1,7 % et le gazole de 3,6 %. Et cette tendance ne risque pas de ralentir puisque l’Ademe mise sur une demande d’énergie en augmentation de 3,4% chaque année et une production de pétrole ralentissant : si l’on considère une relative stagnation de la production de brut jusqu’en 2020 suivie d’une décroissance, il est possible que le prix relatif des combustibles fossiles s’accroisse au même rythme que la demande dans les 15 prochaines années, pour ensuite progresser de façon exponentielle.
Ces hausses de prix impactent plus fortement le budget des ménages les plus fragiles qui occupent bien souvent les logements les plus dégradés et les moins performants. Par ailleurs, ces ménages n’ont pas facilement accès aux logements en centre des grandes villes, plus coûteux. Ils sont ainsi logés dans des zones très excentrées et se trouvent en état de dépendance souvent complète à la voiture pour leurs déplacements contraints.
Au regard de ces statistiques, il est clair qu’il est essentiel d’encourager dès maintenant la réalisation de travaux d’efficacité énergétique.
Mais selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), la recherche du confort prime encore sur les économies chez les ménages français. En dépit d’une sensibilité écologique croissante, les comportements des ménages ne sont pas encore orientés vers des pratiques économes, explique le centre de recherche qui cite en exemple le fait que la température moyenne des logements est passée de 19° à 21° entre 1986 et 2003 et que les consommations d’électricité pour le confort ont fortement augmenté entre 1973 et 2003 (+ 85 % par m2), en raison de la multiplication des appareillages domestiques. Par ailleurs, les ménages entrent difficilement dans la logique de long terme qui consisterait par exemple à faire des travaux ou investir dans des équipements plus coûteux qui permettront de réaliser ensuite des économies.
Il ne faut donc plus simplement se baser sur la sensibilité écologique des ménages qui, bien que réelle, reste relativement indépendante des comportements. Il ne s’agit plus d’inciter mais d’obliger via des réglementations.