Les propriétaires de bureaux prennent subitement conscience que leurs immeubles doivent réduire leurs besoins en énergie. Il s'agit de contribuer à diviser par quatre les émissions de CO2 d'ici 2050, conformément aux engagements français pris à Kyoto (Japon), et également de réduire les charges.La banque de données Investment Property Data (IPD) a épluché les comptes de 372 immeubles franciliens et chiffré le coût d'utilisation des locaux à 10 012 euros par salarié et par an, voire 15 000 euros pour un immeuble de « haute technologie », un budget en hausse de 5 % par an. La consommation moyenne d'énergie atteint 327 kilowatts-heure (kwh) par mètre carré, soit une consommation trois fois supérieure au niveau du label « haute performance énergétique » (HPE). On mesure le chemin à parcourir pour amener ces immeubles à une consommation de 130 kwh par m2, sans parler de « très haute performance énergétique » (THPE), qui se situe, elle, à 50 kwh par m2.
Des fonds d'investissement dédiés aux « immeubles verts » commencent à voir le jour. Calpers, fonds de pension californien, associé au promoteur Hines va investir 500 millions de dollars (340 millions d'euros) pour acheter des immeubles de ce type aux Etats-Unis. Général Eletric a aussi créé un fonds d'un milliard de dollars dédié aux immeubles verts. Plus modestement, Bouygues lance en France un fonds immobilier spécialisé Haute performance énergétique de 15 millions d'euros : « Pour nous c'est l'avenir, les utilisateurs vont réduire la facture d'énergie et pourront échapper à une future taxe carbone, qui se mettra en place tôt ou tard », prévoit Eric Mazoyer, directeur de Bouygues Immobilier.
Il existe aujourd'hui une cinquantaine de bâtiments HPE, dont sept déjà livrés, et 15 collèges et lycées. La foncière Icade a été pionnière, en achevant, dès septembre 2005, le premier du genre, situé Porte d'Aubervilliers, au nord de Paris, et dont le surcoût, par rapport à une construction traditionnelle, n'était que de 5 % alors qu'il consomme deux fois moins d'énergie qu'un immeuble classique.
Le défi est, aujourd'hui, de construire des bâtiments à énergie nulle, voire positive, c'est-à-dire qui produisent autant ou plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Mais l'exercice est loin d'être facile car il faut de fait renoncer à climatiser les immeubles.