Selon les données de l'institut du PNUE basées sur l'observation de près de 30 glaciers de référence situés dans neufs massifs montagneux distincts, le taux moyen de fonte et d'amincissement a plus que doublé entre les années 2005 et 2006. Les bilans estimatifs pour l'année 2006 indiquent que la fonte des glaciers a été plus importante et atteint en moyenne 1,5 mètre contre un 0,5 mètre en 2005. La fonte la plus élevée a été subie par le glacier norvégien du Breidalblikkbrea qui a perdu près de 3,1 mètres d'épaisseur durant la seule année 2006 contre 0,3 mètre l'année précédente.
D'autres fontes ont été enregistrées en Autriche avec le glacier Grosser Goldbergkees (1,2 mètre en 2006 contre 0,3 en 2005), en France sur le glacier d'Ossoue (3 m contre 2,7 m en 2005), en Italie où le glacier de Malavalle a reculé de 1,4 mètre en 2006 contre 0,9 mètre en 2005 mais également en Espagne, en Suède ou encore en Suisse.
Toutefois sur la même période certains glaciers ne se sont pas autant rétrécis qu'en 2005. C'est le cas par exemple du Chacaltaya en Bolivie, du Place glacier au Canada, de l'Hamtah en Inde ou encore des glaciers Daniels et Yawning aux Etats-Unis. Au final sur les 30 glaciers de référence étudiés par le SMSG, seul un continu à s'épaissir : le glacier Echaurren Norte au Chili.
Il est clair que ces chiffres confirment la tendance à l'accélération de la fonte des glaciers au cours des 25 dernières années. Au cours de la période 1980-1999, la perte moyenne s'élevait à 0,3 mètre par an avec une année record à 0,7 mètre de fonte en 1998. Depuis 2000, ce taux a grimpé à 0,5 mètre par an en moyenne et le record de 1998 a été battu trois fois au cours des six dernières années : 2003, 2004 et 2006. Au final depuis les années 1980, les glaciers ont perdu en moyenne 11,5 mètres d'épaisseur.
Pour Achim Steiner, secrétaire général de l'ONU et directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) la situation est critique : des millions voire des milliards de personnes dépendent directement ou indirectement de ces stockages naturels d'eau pour la production d'eau potable, l'agriculture, l'industrie et la production d'électricité durant une bonne part de l'année, explique-t-il. Les glaciers de l'Himalaya alimentent par exemple les plus grands fleuves indiens comme le Gange, l'Indus ou le Brahmapoutre qui permettent à des millions de personnes de vivre. Un ralentissement du débit des fleuves pourrait avoir des conséquences sanitaires et économiques très graves pour ces populations. Mais des risques pèsent également sur les populations des pays industrialisés où l'eau est également un élément majeur pour la santé, l'industrie et l'agriculture.
Pour Achim Steiner, la fonte des glaciers est la preuve et le signal d'alerte le plus marquant du réchauffement climatique. Le secrétaire général de l'ONU mise donc sur la prochaine réunion de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCUNCC) prévue fin 2009 à Copenhague pour enfin mettre tout le monde d'accord sur l'action à mener pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les gouvernements devront convenir d'un nouveau régime de réduction d'émissions et d'adaptation. Autrement, comme les glaciers, l'opportunité d'agir pourrait tout simplement fondre.
SOURCE : ACTU-ENVIRONNEMENT