Stabiliser le climat sera beaucoup plus ardu que prévu, et les initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre prises dans la décennie à venir seront cruciales. Elles détermineront s’il est possible ou non d’éviter une « interférence humaine dangereuse » avec la machine climatique, c'est-à-dire s’il est possible de maintenir une teneur atmosphérique en dioxyde de carbone inférieure à 550 ppm (contre 280 avant l’ère industrielle et 380 aujourd’hui). Or nous ne sommes pas partis pour ce scénario. Les émissions anthropiques mondiales de CO2, ont ainsi crû, entre 2000 et 2006, à un rythme annuel d’environ 3%. Or, cette tendance va lourdement s’accentuer dans les prochaines années. Que faire ?
Selon les travaux de chercheurs américains, la Chine émet une quantité de carbone qui augmente de 11% par an. D’ici à 2010, la Chine émettra ainsi deux à quatre fois plus de CO2 que prévu dans le rapport du GIEC. Une des raisons est la délégation par le gouvernement chinois de la construction de centrales électriques, au charbon en général, aux autorités provinciales. Ces centrales électriques, techniquement obsolètes, sont prévues pour fonctionner une cinquantaine d’années. Or c’est très rapidement qu’il faut, à l’échelle de la planète, réduire les rejets de gaz carbonique.
Si on veut atteindre l’objectif ambitieux de stabiliser la teneur atmosphérique en CO2 à 450 ppm (ce qui correspond à une hausse des températures de 1,5 à 3,9 °C) il faudrait commencer immédiatement à réduire les émissions mondiales de 1,5% par an. Si on diffère cet effort de sept ans, il faudra faire décroître les émissions de 3% par an, pour atteindre le même objectif.
Pour se maintenir sous le seuil de 550 ppm, considéré comme « dangereux » par la majorité des spécialistes, il faudrait commencer dès aujourd’hui à réduire les émissions de 0,5% par an. Attendre dix ans de plus porterait à 1% l’effort économique à accomplir. Or, les spécialistes indiquent qu’un taux de réduction annuel réaliste se situe autour de 1%. Donc si les émissions continuent encore d’augmenter pendant plus de dix ans, il pourrait devenir impossible de maintenir la machine climatique hors de la zone dangereuse.
Pour parvenir à de telles estimations, les chercheurs ont pris en compte les effets de saturation des puits de carbone tels que les océans. En effet, à mesure que la température augmente, l’océan se réchauffe et absorbe de moins en moins de carbone. Aujourd’hui, 46% des émissions de CO2 demeurent dans l’atmosphère, dans 10 ans, ce seront 48% qui resteront des l’air et 50% en 2100.
Une étude récente publiée dans «gephysical research letters » conclut que pour stabiliser durablement le climat il faudrait complètement éradiquer toute émission anthropique. Un défi qui s’annonce loin d’être gagné et qui va devoir mobiliser toute la communauté internationale et notamment l’Europe et les Etats-Unis, pour se donner les moyens de son ambition. Mais, ce défi ne demande qu'à être relevé par nous tous !