L’efficacité énergétique au niveau mondial augmente de 1,6 % par an depuis 1990 (1,3 % sans la Chine), poussée notamment depuis 2000 par l’augmentation du prix du pétrole. Sans cette amélioration continue, on consommerait aujourd’hui autour de 40 % de plus d’énergie par an pour satisfaire les mêmes besoins. Cette tendance à l’amélioration de l’efficacité énergétique devra se confirmer dans le futur proche.
Il subsiste de fortes disparités entre pays et régions du monde dans les niveaux de performance de l’efficacité énergétique. L’Europe a la meilleure intensité énergétique du monde et continue de progresser de 0,8 % par an depuis 1990. Ainsi, par unité de produit intérieur brut, l’Europe consomme 30 % d’énergie en moins que les Etats-Unis et 40 % que la Chine. Son intensité énergétique est également plus faible que celle des pays émergents et des pays en voie de développement de manière générale.
Cependant, l’Europe a encore beaucoup de progrès à faire en terme de performance énergétique pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, notamment les 8 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le protocole de Kyoto ou, plus récemment, l’amélioration de 20 % de sa performance énergétique d’ici 2020 adoptée par le conseil en mars 2007. Ce dernier objectif ne pourra être atteint au rythme actuel, même si les progrès réalisés ces dernières années ont permis de réaliser dans l’Europe entière des économies d’énergie importantes.
La Commission estime que les économies d’énergie les plus importantes concernent les secteurs suivants : bâtiments d’habitation et à usage commercial (tertiaire), avec un potentiel de réduction évalué respectivement à 27 % et 30 %, les industries manufacturières, avec des possibilités d’économies d’environ 25 %, et le secteur des transports, avec une réduction de la consommation estimée à 26 %.
En France, le secteur du bâtiment est responsable de 21 % des émissions de CO2 et de 43 % de la consommation d’énergie finale en France. Le chauffage représente près des deux tiers de ces consommations d’énergie et la majeure partie des émissions de CO2 du secteur. Cependant, la consommation d’énergie totale des secteurs résidentiel et tertiaire confondus a augmenté dans le même temps de 30 % du fait de l’accroissement du parc, de l’élévation du niveau de confort (appareils électroménagers), de l’apparition de nouveaux besoins (climatisation).
La Commission européenne propose de réduire la consommation d’électricité des appareils électroménagers et des équipements de bureau. Les États membres de l’Union ont approuvé le 7 juillet 2008 la proposition de règlement de la Commission européenne visant à réduire la consommation d’électricité, en mode veille, des appareils électroménagers et des équipements de bureau. Ce règlement fixe les exigences d’efficacité énergétique que devront respecter tous les produits commercialisés en Europe dans le but de diminuer de 73 % d’ici à 2020, la consommation d’électricité en mode veille de ces appareils dans l’Union.
À l’heure actuelle, la consommation d’électricité liée aux veilles des appareils avoisine les 50 TWh par an dans l’Union européenne, ce qui représente plus de 10 % de la consommation totale d’électricité de la France !
En France, le secteur du logement a pris du retard. Un ménage français consomme près de 30 % de plus d’énergie par logement que ceux des pays les plus performants tels les Pays-Bas ; pour le chauffage, la consommation par m² -corrigée du climat- est en France plus de deux fois plus élevée qu’en Norvège.
Parmi les 31,3 millions de logements français, 19,1 millions, soit 61 % du parc, ont été construits avant la réglementation thermique de 1975. Avec un taux annuel de renouvellement du parc de 1 %, il restera en 2050 entre 30 et 40 % de logements antérieurs à 1975. Il est donc indispensable d’améliorer la performance des bâtiments existants. L’amélioration thermique de la totalité du parc existant nécessite des investissements importants. Les premières estimations financières laissent penser qu’au moins 600 milliards d’euros seraient nécessaires d’ici 2050, soit en moyenne 15 000 à 20 000 euros par foyer, c’est-à-dire 3 fois la dépense actuelle des travaux effectués par les ménages.
Rappelons que la loi Grenelle prévoit une performance énergétique de 50 kWh/m2/an pour les constructions neuves dès 2012 et une réduction des consommations d’énergie du parc de bâtiments existants d’au moins 38 % d’ici 2020.
Mais le « paquet climat-énergie » présenté en janvier 2008 par la Commission ne pourra être mené à bien que si nous inversons nos priorités, ce qui suppose de réduire à la source la demande et la consommation énergétique car l’énergie qui coûte la moins chère est toujours celle qu’on ne produit pas.
L’Europe doit donc, de manière complémentaire à son effort en faveur des énergies renouvelable, s’attaquer au gaspillage, alors que les importations d’énergie coûtent un milliard d’euros par jour à l’Union européenne. Or toutes les études montrent qu’un euro investi dans les économies d’énergie est plus rentable qu’un euro investi dans les capacités de production.
Les objectifs climatiques ne pourront être atteints qu’à la condition que la lutte contre le gaspillage énergétique devienne un objectif prioritaire et contraignant. L’efficacité et la sobriété énergétique doivent cesser d’être considérées comme des variables d’ajustement de la politique énergétique européenne et devenir les principes fondamentaux de l’action politique et économique, en Europe comme en France.
A cet égard, une étude éclairante de l’Agence européenne de l’environnement montre qu’au niveau mondial, l’efficacité énergétique représente à elle seule plus de 60 % du gisement de réduction des émissions de CO2 d’ici 2050, c’est-à-dire plus que les ER, le stockage de carbone et les biocarburants réunis.
Le développement plus rapide de l’efficacité énergétique et la réduction à la source de nos besoins en énergie sont donc les premiers leviers à utiliser pour parvenir à diviser par quatre nos émissions de CO2 par européen d’ici 2050 et à décarbonner presque totalement notre production d’énergie d’ici la fin de ce siècle, ce qui est absolument nécessaire pour limiter à un niveau supportable le réchauffement climatique inexorable de la planète.
Source : Enerzine.com