La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a publié fin avril ses mesures des concentrations atmosphériques des principaux gaz à effet de serre (GES) pour l’année 2007. Le bilan est plus grave que prévu, notamment à cause de la fonte du permafrost depuis 4 ans.
Au niveau du dioxyde de carbone (CO2), c’est sans surprise que les données fournies par la NOAA indiquent une nouvelle hausse des concentrations avec une valeur de 385 ppm (1) soit une hausse de 0,6 % par rapport à 2006. En valeur absolue la hausse pour l’année 2007 est de 2,4 ppm, ce qui confirme la tendance à l’accélération des niveaux de CO2. Entre 1979 et 1995, la hausse annuelle moyenne était de 1,43 ppm puis de 1,65 ppm entre 1996 et 2006. Pour mémoire, au début de l’ère industrielle, en 1850, la concentration de CO2 était de 280 ppm.
Au niveau du méthane (CH4), les relevés indiquent la fin d’une décennie de stagnation des concentrations. En 2007, d’après la NOAA, la quantité de méthane a augmenté d’environ 27 millions de tonnes. La concentration atmosphérique de ce gaz avoisinant maintenant les 1 800 ppb (2) alors qu’elle n’était que de 750 ppb au début de l’ère industrielle. D’après l’agence américaine cette reprise de la croissance du méthane est liée en grande partie à l’augmentation de l’industrialisation des pays émergents ainsi qu’à l’accroissement des zones humides en Arctique et dans les tropiques. Pour ce qui est de la responsabilité directe de la fonte du permafrost dans cette évolution, Ed Dlugokencky, scientifique du laboratoire de recherches de la Terre à la NOAA, a précisé : « Nous sommes à l’affût du premier signe d’une libération de méthane venant du dégel du permafrost arctique. Il est trop tôt pour dire si le pic d’émission de l’an dernier inclut le début d’une telle tendance ». Si cette reprise du méthane se confirme dans les mois et les années à venir, cela sera une très mauvaise nouvelle pour la lutte contre le changement climatique. Les réserves stockées dans le permafrost sont gigantesques, ces terres gelées représentent près de 25 % des terres émergées de l’hémisphère Nord. On assisterait à une sorte d’emballement du réchauffement climatique, par la fonte du permafrost qui générerait des émissions de GES venant s’ajouter aux émissions directement liées aux activités humaines.
Le permafrost sous surveillance
La fonte soudaine de ce qui est considéré comme la plus vaste zone gelée de la planète, d'une superficie équivalente à la France et à l'Allemagne combinées, pourrait libérer dans l'atmosphère des milliards de tonnes de méthane. Selon Judith Marquand de l'université britannique d'Oxford et le botaniste Sergueï Kirpotine de l'université de Tomsk, à l'origine de cette découverte, toute la région subarctique de la Sibérie occidentale a commencé à fondre depuis 3 à 4 ans. La conséquence de la fonte n'entraîne pas qu'une simple modification du paysage, car en fondant le pergélisol (sol congelé - en anglais 'permafrost') libère le méthane qui y est emprisonné. Les prévisions actuelles sur le réchauffement planétaire vont ainsi devoir être très vraisemblablement revue à la hausse puisque la Sibérie occidentale, selon Larry Smith de l'université de Los Angeles, contient environ 70 milliards de tonnes de méthane, soit un quart du méthane stocké à la surface de la planète (une particule de méthane contribue 21 fois plus à l'effet de serre qu'une particule de gaz carbonique, N.D.L.R.).
ppm : partie par millions. Soit le nombre de molécules de gaz à effet de serre dans un million de molécules d’air.
ppb : partie par milliard. Soit le nombre de molécules de gaz à effet de serre dans un milliard de molécules d’air.
SOURCE : www.univers-nature.com