Qui aurait pu prédire que l’empreinte carbone des bâtiments deviendrait en quelques années seulement un enjeu majeur du secteur du bâtiment ? En réalité, il y a déjà treize ans le Code de la construction, modifié par la Loi Grenelle II en 2010, indiquait : « Un décret en Conseil d'Etat détermine : pour les constructions nouvelles, en fonction des différentes catégories de bâtiments, leurs caractéristiques et leur performance énergétiques et environnementales, notamment au regard des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d'eau ainsi que de la production de déchets liées à leur édification, leur entretien, leur réhabilitation et leur démolition (…) ». Cinq and plus tard, en septembre 2015, la Loi de Transition Énergétique pour la croissance verte avançait à 2018 la prise en compte de l’impact carbone des projets neufs : « Un décret en Conseil d'Etat détermine, à partir de 2018, pour les constructions nouvelles, le niveau d'émissions de gaz à effet de serre pris en considération dans la définition de leur performance énergétique et une méthode de calcul de ces émissions sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, adaptée à ces constructions nouvelles ».
Depuis, le label étatique E+C- a proposé en 2016 une première méthodologie d’évaluation du bilan carbone. Fort de cette expérimentation concluante, la nouvelle RE2020 intègre à partir de 2022 et pour la première fois des exigences carbone réglementaires pour un certain nombre de typologies de bâtiments. Et avec ces avancées, le nombre de FDES disponibles sur la base INIES de donnée nationale de référence sur les données environnementales et sanitaires des produits et équipements de la construction a bondi :
Aujourd’hui, ce sont plus de 4 400 références qui sont intégrées à la base INIES, disponible gratuitement et en intégralité sur Internet.
En tant que bureau d’étude fluides et environnement, nous sommes amenés à côtoyer presque quotidiennement ces FDES (pour les produits de constructions) et PEP (pour les équipements) pour le calcul de l’impact carbone de nos projets. Ce faisant, un besoin est apparu : comment avoir une vue d'ensemble et à jour des données de la base INIES ?
Logiquement, lorsque notre besoin de pouvoir exploiter de manière plus efficace et ergonomique la base de données a été exprimé par Lauriane il y a un an, nous nous sommes aperçus que nous n’étions pas les seuls à avoir ce besoin. Nous nous sommes donc associés à ETAMINE pour développer un outil qui répondrait à ce défi. Ainsi, dès l’automne 2022 des premiers échanges ont eu lieu entre Rémy de notre côté et Solène Peyragrosse (directrice technique et R&D) accompagnée d’Alexandre Cailliau (Responsable informatique) côté ETAMINE. De ces échanges fructueux est né un cahier des charges rédigé par ETAMINE : la première étape était terminée. La deuxième étape de codage d’un script en Python, que nous avons confiée à un développeur, a été rapidement achevée au début de l’hiver 2022. A l'issue de cette phase, ETAMINE et nous sommes devenus propriétaires du script. Ce dernier permet d'export l'intégralité de la base INIES dans un Excel brut, qui par la suite a été remanié par le service informatique d'ETAMINE pour l'adapter toujours plus à nos besoins.
C’est comme cela que nous avons entamé le troisième stade du projet : l’intégration de cette base de données à nos outils internes pour pouvoir effectivement extraire les informations dont nous avons besoins et les exploiter. Ce sont Rémy et Charles, accompagnés par Jessica du cercle Informatique, qui ont pris à bras le corps ce challenge. Au cours de l’hiver 2022-2023 et du début du printemps 2023, les évolutions suivantes ont pris vie :
Mise en place d’une tâche automatisée bimensuelle pour toujours avoir des données à jour en exportant l’intégralité de la base INIES via le script Python dans un Excel brut localisé sur un serveur Amoès ;
Développement d’un Excel « simplifié » de traitement des données venant ponctionner uniquement les données nécessaires aux calculs carbone de l’Excel brut via une macro VBA ;
Développement d’un outil de calcul permettant de calculer un impact carbone dynamique à partir des données extraites de la base INIES ;
Travail d’ergonomie pour pouvoir en quelques clics comparer l’impact carbone dynamique des FDES recherchées.
Un exemple de ce que ça donne ? Allons-y : si nous souhaitons comparer les impacts carbones dynamiques de toutes les occultations bois qui existent sur la base INIES, voici le « avant-après » : avant, il fallait aller sur la base INIES, y rechercher les occultations bois. Puis une fois que les 9 FDES étaient apparues, aller chercher dans chacune d’entre elles les informations qui permettraient dans un second temps de convertir les données pour obtenir un impact carbone dynamique, puisque les données d’INIES sont uniquement statiques. Enfin il fallait créer un tableau ou un graphe de comparaison entre les différents résultats trouvés. Aujourd’hui, il nous suffit de rechercher dans notre outil de traitement des données INIES les occultations bois, et immédiatement nous avons la comparaison graphique de l’impact carbone dynamique des 9 références trouvées !
Et maintenant que le besoin initial a été comblé, quelle est la suite ? Vous vous en doutez bien, nous ne nous sommes pas arrêtés là : cette base de données simplifiée a été intégrée à notre outil interne de bilan carbone en concours, qui nous permet de donner des résultats estimatifs d'impacts carbones dynamiques sur des projets très en amont ; cette base de données a été utilisée dans le cadre de suivis de chantiers et de certifications BBCA ; elle est également précieuse en phase de conception d’un projet, pour aiguiller nos partenaires vers les produits de constructions les plus sobres. Et d’autres besoins apparaissent au fil de l’eau, notamment lorsque des ateliers de réflexion coopératifs sont organisés sur ce thème, le dernier ayant réuni Rémy, Charles, Julien, Alice, Julie et Bastien. A cette occasion a émergé un nouveau besoin : préciser l'impact carbone de différentes épaisseurs d'isolants réunis sous la même référence commerciale et doc la même FDES.
En bref, maintenant que nous sommes équipés pour traiter efficacement les données de la base INIES, nous cherchons à améliorer toujours plus nos outils internes dans l’objectif de proposer des solutions toujours plus pertinentes pour réduire l’impact carbone du secteur du bâtiment !