Parmi les outils pour l’optimisation des performances environnementales des constructions, l’Analyse de Cycle de Vie de bâtiments (ou ACV) connait un essor particulièrement important. Cet outil soit voué à devenir un complément indispensable à l’étude des performances énergétiques en exploitation, mais il manque encore de lisibilité et son application concrète en projet reste à améliorer.Dans ce contexte, nous avons développé des outils assurant une plus grande lisibilité à l’ACV, la dotant de résultats clairs et aisément interprétables. Des préconisations clairement hiérarchisées font notamment de l’ACV un outil d’aide à la décision opérationnel, rapide et efficace, à disposition des Maîtres d’Ouvrage et des Maîtres d’Œuvre.
Figure 1 : Résultats d'ACV présentés dans un diagramme en étoile pour quatre variantes. Les résultats des divers impacts environnementaux sont présentés mais restent difficilement interprétables.
La réalisation d’une ACV permet d’effectuer une évaluation complète des impacts environnementaux du bâtiment. Ces impacts sont au nombre de 16 dans le format de déclaration environnementale adopté en France (FDES). C’est dans cet aspect multicritère que réside la complexité de l’ACV. En effet, comment interpréter des résultats portant sur une quinzaine d’impacts environnementaux (cf. figure 1) et établir des conclusions claires et exploitables ? Pour un bâtiment donné, plusieurs variantes portant sur le choix d’un constituant particulier pourront améliorer certains indicateurs et en dégrader d’autres (cf. Figure 1). Se pose alors la question de la hiérarchisation des indicateurs les uns par rapport aux autres de manière à pouvoir qualifier la performance environnementale globale du bâtiment.
Figure 2 : Les grandes étapes du cycle de vie d’un bâtiment. De base, une étude d’ACV prend en compte l’extraction des matières premières, le transport jusqu’à l’usine et la production. La maintenance et l’entretien peuvent être inclues dans ces études.
Pour ce faire, la méthode adoptée consiste à ramener les différents impacts environnementaux à une même unité (l’équivalent personne qui est calculé par référence aux impacts environnementaux moyen d’un français), cequi permet de constituer une note environnementale globale du bâtiment bien plus simple à interpréter. En outre, cette note intègre dans son calcul la complexité liée à l’importance variable des différents impacts. Notamment, elle prend en compte les objectifs de réduction des nuisances, comme par exemple la diminution d’un facteur quatre des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Cette note unique permet de comparer simplement différentes variantes de choix de produits et d’identifier les postes constructifs offrant le meilleur levier pour réduire globalement l’impact environnemental du bâtiment. Les arbitrages à effectuer en conception s’en voientgrandement simplifiéspar rapport à la vision multicritère classique en ACV. Cette méthode nous sert en outre à décomposer le travail d’optimisation selon l’avancement du projet. Les postes les plus lourds (structure, façade, isolants) feront l’objet d’une attention particulière en esquisse/APS et les postes secondaires seront analysés plus finement en APD/PRO.
Figure 3 : Comparaison de deux variantes. Pourcentage de baisse de la note globale et de chaque impact
En alternative à l’ACV d’un bâtiment entier, nous avons développé des fiches de préconisation génériques établies par lot (isolants, revêtement de sol, menuiseries extérieures…) qui nous permettent d’accompagner les maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrages dans le choix des produits, notamment en phases amont. Ces fiches de préconisation utilisent l’approche en note globale pour comparer les performances environnementales des grandes familles de produits. Couplée à la connaissance de la répartition des impacts par lot pour un bâtiment moyen, cette approche pragmatique permet d’effectuer rapidement des arbitrages pour l’amélioration du bilan environnemental du bâtiment.
Figure 4 : impacts de différents types d’isolants et note environnementale globale (pour 1 m² d'isolant de résistance thermique surfacique R= 4 K.m²/W)